En Somalie, le rêve américain survit malgré Trump

En Somalie, les mots durs de Donald Trump envers leur pays n’ont pas suffi à éteindre le rêve américain. Dans les quartiers de Mogadiscio comme dans les villages reculés, des jeunes continuent de regarder vers l’Ouest, persuadés qu’une autre vie les attend. Mohamed Abdi Awale fait partie de ceux-là.

Il revient pourtant de loin. Trois mois de détention en Libye, des coups, des humiliations, puis une libération arrachée grâce à une rançon. En novembre, il a été rapatrié avec 164 autres Somaliens par l’Organisation internationale pour les migrations. Mais à peine revenu, il pense déjà à repartir. Cette fois, l’Europe n’est plus son horizon : c’est l’Amérique de Donald Trump, pourtant hostile, qui occupe toutes ses pensées.

« Depuis l’enfance, je rêvais des États-Unis. Quand Trump est arrivé, j’ai cru que tout était fini, qu’il détestait les étrangers. Alors j’ai pris la route du Soudan, puis de la Libye, espérant rejoindre l’Europe. Je suis tombé entre les mains de passeurs. Mais je continue d’y croire : un jour, j’irai aux États-Unis. Peut-être après la fin du mandat de Trump », raconte-t-il.

Pour sa mère, Hawo Elmo Rage, l’idée d’un nouveau départ est un cauchemar. Elle n’a pas oublié les appels des passeurs, la vidéo montrant son fils torturé, les menaces, l’urgence. « Ils m’ont donné un numéro de compte et ordonné d’envoyer l’argent. Je suis une femme pauvre, je ne pouvais pas payer. J’ai demandé de l’aide à tous les Somaliens autour de moi. Ils ont répondu présents. Grâce à eux, nous avons réuni 17 000 dollars. C’est ce qui a permis de sauver mon fils. »

Aujourd’hui, elle le voit hésiter, tiraillé entre la peur et l’espoir. « Je veux qu’il reste. Mais il veut une vie meilleure. Je prie pour qu’il trouve un chemin sûr, pas celui qui l’a presque tué. »

Les changements récents dans la politique migratoire américaine pourraient, eux, redessiner les ambitions de jeunes comme Awale, coincés entre un pays qu’ils quittent par nécessité et un avenir qu’ils poursuivent coûte que coûte.

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