L’Égypte a entamé lundi la première phase de ses élections législatives, un exercice d’ampleur nationale où près de 63 millions d’électeurs sont appelés à renouveler la Chambre des représentants. Si l’issue politique semble peu contestée dans un paysage verrouillé, Le Caire cherche avant tout à démontrer la solidité de son appareil administratif dans un contexte économique et géopolitique délicat.
Réparti sur deux jours et couvrant 14 gouvernorats — des métropoles comme Alexandrie aux zones désertiques de la Nouvelle-Vallée — le scrutin mobilise 5 606 bureaux dans 70 circonscriptions. Une organisation qui s’apparente à une opération logistique colossale, dans un pays où les contrastes territoriaux, la densité urbaine et l’étendue des zones rurales rendent chaque échéance électorale particulièrement complexe.
Selon les autorités électorales, 1 287 candidats sont en lice, dont une vaste majorité d’indépendants. Seuls 142 candidats se présentent via des listes partisanes, reflet d’un système politique où les formations organisées peinent à exister face à un pouvoir central fort et un parlement largement aligné sur l’exécutif.
Le ministère de l’Intérieur affirme avoir déployé un dispositif sécuritaire renforcé afin de garantir un climat « calme et sûr » autour des bureaux de vote. Une priorité alors que l’Égypte cherche à afficher stabilité et maîtrise institutionnelle, au moment où elle tente de gérer inflation élevée, tensions financières et rôle diplomatique central dans la crise de Gaza.
La participation de la diaspora — qui a voté les 7 et 8 novembre dans 117 consulats et ambassades — illustre également la volonté du pouvoir de donner à ce scrutin une dimension inclusive et internationale. Les résultats de cette première phase sont attendus le 18 novembre, avant une deuxième séquence électorale fin novembre et une proclamation finale le 2 décembre.
Si la compétition politique demeure limitée, l’enjeu n’est pas seulement parlementaire. Dans un pays confronté à des défis sociaux et économiques majeurs, ces élections constituent surtout une épreuve de capacité de l’État : prouver qu’il peut continuer à fonctionner, administrer et encadrer un vote massif, même dans un environnement sous contrainte.
Reste à voir si cette démonstration d’efficacité institutionnelle suffira à répondre aux attentes d’une population frappée par l’érosion du pouvoir d’achat et en quête de perspectives.