Droits de douane américains : l’Afrique du Sud piégée dans un duel inégal

À la veille de sanctions commerciales imminentes, Pretoria serre les rangs. Les États-Unis s’apprêtent à frapper de lourds droits de douane – jusqu’à 30 % – sur certaines exportations sud-africaines, et le choc se fait déjà sentir. Anticipant l’impact de ce tour de vis protectionniste, la Banque centrale sud-africaine vient de réviser à la baisse ses prévisions de croissance annuelle, ramenées de 1,2 % à 1 %. L’agriculture et l’industrie manufacturière, en première ligne, paient le prix fort de ce climat d’incertitude.

Mais au-delà des chiffres, c’est un affrontement à la mécanique bien connue qui se rejoue : celui du pot de terre contre le pot de fer. D’un côté, une économie émergente à la recherche de stabilité ; de l’autre, une superpuissance commerciale imposant ses règles avec brutalité, sans ménagement pour ses partenaires. Les producteurs sud-africains de fruits, de vins ou de pièces automobiles, déjà confrontés à une concurrence féroce, redoutent d’être évincés des marchés qu’ils peinent à conquérir depuis des années.

La réaction sociale ne s’est pas fait attendre. La Cosatu, principale centrale syndicale du pays représentant plus de 1,5 million de travailleurs, tire la sonnette d’alarme. Elle évoque une “bombe à retardement” sociale et met en garde contre des pertes d’emplois massives. « Ce ne sont pas que des chiffres abstraits. Ce sont des ouvriers, des agriculteurs, des familles entières que cette politique met en danger », a déclaré l’un de ses responsables, appelant à une riposte politique plus affirmée.

Ce bras de fer souligne, une fois de plus, les failles d’un système commercial international fondé sur des rapports de force déséquilibrés. Pour Pretoria, le défi est double : tenter de limiter les dégâts immédiats tout en refusant une soumission tacite à un ordre économique unilatéral. Car derrière le rideau des droits de douane, c’est bien l’indépendance économique du continent qui se joue.

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