Au siège du Manidem, à Douala, un profond sentiment de stupeur domine. Militants et cadres peinent à accepter la disparition d’Anicet Ekane, figure historique du parti et voix singulière de l’opposition camerounaise. « C’est une perte immense », confie Bedimo Kouoh. « Nous perdons un camarade, un président, un homme de convictions. Il incarnait l’espoir d’un Cameroun réellement démocratique, où chacun puisse vivre dignement. »
Selon ses avocats, Anicet Ekane avait été détenu plus de 38 jours sans procès ni prise en charge médicale adéquate. Une situation que sa famille juge intolérable. « Nous ne voulons pas d’une enquête menée par ceux-là mêmes qui n’ont rien fait lorsqu’il était encore vivant », déclare sa sœur, Gertrude Ekane. « Au Cameroun, trop de procédures demeurent sans issue. Pourquoi feindre la transparence maintenant ? »
Pour ses proches comme pour ses compagnons de lutte, ce décès s’inscrit dans un climat politique déjà lourd. Plusieurs dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une pression croissante sur les mouvements d’opposition. « C’est un choc pour la jeunesse engagée de ce pays », réagit Jean Achille Epoue Fils. « Nous avons le sentiment d’une volonté de fragiliser, voire d’étouffer, les voix dissidentes. »
Alors que plusieurs chancelleries et organisations internationales appellent à une enquête impartiale, l’autopsie qui devait se tenir ce matin à Yaoundé a été reportée à la demande de la famille, qui affirme n’avoir été ni informée ni consultée. Le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre de la Communication, a présenté ses condoléances et assuré qu’une enquête serait ouverte pour déterminer les causes du décès.
Une marche blanche est prévue ce mercredi 3 décembre devant le siège du Manidem, en hommage à celui que ses militants considéraient comme un pilier de leur combat politique.