Djibouti : Ismaïl Omar Guelleh autorisé à briguer un sixième mandat présidentiel

À Djibouti, un tournant politique majeur vient d’être franchi. Le Parlement a voté à l’unanimité la suppression de la limite d’âge pour se présenter à l’élection présidentielle, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle candidature d’Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999. Jusqu’ici, la Constitution djiboutienne fixait à 75 ans l’âge maximal pour briguer la magistrature suprême. Âgé de 77 ans, le président en exercice se trouvait donc, en théorie, dans l’impossibilité de se représenter. Mais la réforme constitutionnelle adoptée change la donne : elle doit désormais être entérinée par un référendum ou une promulgation présidentielle.

Cette modification intervient à moins d’un an de la présidentielle prévue en 2026. Réélu en 2021 pour un cinquième mandat avec plus de 97 % des suffrages, Ismaïl Omar Guelleh, figure centrale de la scène politique djiboutienne, semble déterminé à poursuivre son règne. Ses partisans défendent un argument clé : la stabilité. Dans une région de la Corne de l’Afrique marquée par les conflits — du Soudan à la Somalie —, Djibouti est souvent présentée comme un havre de paix, un allié stratégique pour les puissances étrangères et un hub logistique majeur pour la région.

Cependant, cette réforme suscite aussi de vives critiques parmi les opposants et la société civile, qui y voient un recul démocratique. Plusieurs organisations locales dénoncent une concentration excessive du pouvoir entre les mains d’un seul homme, au détriment du pluralisme politique. L’opposition, affaiblie par des années de répression et d’exil forcé de ses figures les plus marquantes, dénonce un « verrouillage du système » destiné à prolonger indéfiniment le règne du président.

Ismaïl Omar Guelleh, qui a succédé à son oncle Hassan Gouled Aptidon, fondateur du pays, incarne la continuité d’un pouvoir dynastique et centralisé. Son gouvernement met en avant les avancées économiques du pays, portées notamment par les investissements étrangers, les infrastructures portuaires et la position géostratégique de Djibouti, qui abrite plusieurs bases militaires étrangères, dont celles des États-Unis, de la Chine et de la France. Mais derrière cette stabilité apparente, les défis sociaux persistent : chômage élevé, coût de la vie croissant et libertés publiques restreintes.

À quelques mois du scrutin de 2026, la question n’est plus tant de savoir si Ismaïl Omar Guelleh pourra se représenter, mais plutôt s’il le fera. Et si oui, dans quelles conditions s’organisera une élection déjà annoncée comme sans véritable suspense.

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