La nouvelle campagne de fouilles menée dans la grotte de Bizmoun, près d’Essaouira, dans le centre-ouest du Maroc, vient de livrer des découvertes majeures qui éclairent d’un jour nouveau la vie des premiers humains au Maghreb. Ces travaux, ouverts du 3 novembre au 3 décembre 2025, apportent des données inédites susceptibles de redéfinir certains aspects de l’histoire humaine à l’âge de pierre.
Déjà mondialement connu, le site de Bizmoun avait révélé en 2021 les plus anciens bijoux du monde : trente-deux coquilles façonnées, remontant à au moins 150 000 ans. Ces parures constituaient une preuve directe de l’existence de réseaux d’échange, de communication et probablement de symbolisme social parmi les groupes humains préhistoriques. « Pour étudier ces coquillages, nous mobilisons des approches méthodologiques variées, notamment des analyses microscopiques — ou études fonctionnelles », explique l’un des chercheurs impliqués.
Lors de cette nouvelle phase de fouilles, les archéologues ont mis au jour des outils en pierre particulièrement élaborés, ainsi que des restes d’animaux aujourd’hui disparus, datant eux aussi de plus de 150 000 ans. Les équipes ont également identifié des vestiges de faune typique de l’Afrique subsaharienne, un indice fort suggérant qu’Essaouira fut jadis un véritable carrefour écologique et humain entre les mondes méditerranéen et saharien.
Mené conjointement par l’Institut marocain des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP, Rabat), le Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique (LAMPEA, Aix-en-Provence) et l’Université d’Arizona (Tucson, USA), ce projet ambitionne d’enrichir la carte archéologique d’Essaouira et de ses environs. À ce jour, plus de 300 sites ont été recensés dans la région, parmi lesquels de nouveaux gisements identifiés à Jbel Hadid, Jbel Kourati et d’autres localités encore, confirmant l’extraordinaire richesse préhistorique du littoral atlantique marocain.