Dans le cadre des préparatifs intensifs du Maroc pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, le Centre de Prospective Économique et Sociale a publié un rapport exécutif intitulé « Rentabilité des stades : l’enjeu majeur après le Mondial ». Ce rapport, supervisé par le président du centre, Ali El Ghanbouri, ne se limite pas à l’analyse des investissements dans les infrastructures sportives, mais s’interroge également sur leur devenir une fois les projecteurs de l’événement éteints, en proposant une vision concrète pour transformer ces stades en leviers de développement économique durable.
Dans une déclaration au site THE PRESS, El Ghanbouri a expliqué que la motivation derrière ce rapport réside dans la conviction que la réussite de l’organisation du Mondial ne devrait pas se limiter à l’aspect logistique. Elle doit aussi se traduire par la capacité à assurer la durabilité des investissements massifs, en transformant les stades et complexes sportifs en actifs multifonctionnels – économiques, culturels, voire touristiques – qui continuent de générer de la valeur après la fin du tournoi. Le rapport estime que le coût des projets liés aux infrastructures sportives avoisine 52 milliards de dirhams, ce qui appelle, selon lui, à une planification proactive de l’après-Mondial, fondée sur une vision économique et territoriale intégrée.
Le rapport met en garde contre le scénario des « stades abandonnés », déjà observé dans d’autres pays organisateurs. Le Maroc fera face à plusieurs défis, notamment la gouvernance de ces infrastructures, leur financement, et une répartition équitable des investissements à travers le territoire. Il recommande également d’impliquer le secteur privé et de diversifier les fonctions des stades pour inclure le divertissement, la culture, le commerce et le tourisme, en plus du sport, afin de créer un modèle économique intégré, évitant ainsi que ces structures ne deviennent un fardeau pour les finances publiques.
Dans ce contexte, El Ghanbouri a souligné la nécessité de former les ressources humaines locales pour répondre aux exigences de cette nouvelle phase. Il a également insisté sur l’importance de tirer les leçons des expériences internationales réussies, qui montrent que la durabilité repose sur une vision globale au-delà du moment sportif, englobant le développement territorial et social.
En s’inspirant d’exemples comme le stade de Wembley à Londres, l’Allianz Arena à Munich, ou le Santiago Bernabéu à Madrid, le rapport met en lumière les possibilités de revalorisation des stades en espaces urbains dynamiques. Il conclut que la rentabilité ne se réalisera pas de manière automatique, mais nécessitera un plan national global, incluant le marketing sportif et la création d’entreprises régionales pour gérer les stades selon des principes de performance et de redevabilité.
Ce rapport constitue ainsi un appel clair aux acteurs publics et privés pour adopter une vision d’investissement post-Mondial, transformant les infrastructures sportives nouvelles ou rénovées en pôles attractifs pour l’investissement, l’innovation et la vie citoyenne. Le stade deviendrait alors bien plus qu’un lieu de match, un véritable espace urbain vivant et en constante évolution.
Pour conclure, El Ghanbouri a affirmé que l’exploitation post-Mondial des stades est un pari stratégique, clé dans l’émergence d’un nouveau modèle de développement au Maroc, reflétant la capacité du pays à transformer une réussite sportive mondiale en moteur de croissance économique et sociale. Il a souligné que ce rapport vise à ouvrir un débat national approfondi sur les stratégies de gestion durable, qui devraient être au cœur des politiques publiques futures, afin de garantir que cet héritage sportif et culturel bénéficie aux générations à venir.