La société Google, filiale d’Alphabet, a été durement condamnée par une cour fédérale américaine pour des pratiques anticoncurrentielles illégales sur le marché de la publicité en ligne, dans un jugement historique rendu par la juge Leoni Brinkema le mercredi 16 avril 2025, à la cour de district de l’État de Virginie. Le tribunal a estimé que l’entreprise avait imposé de manière illégale sa domination sur les marchés des serveurs publicitaires et des échanges publicitaires, causant ainsi des « dommages considérables » aux éditeurs et aux utilisateurs.
Le procès a duré trois semaines et a vu l’audition de 39 témoins directs et 20 déclarations enregistrées, ainsi que des centaines de pièces à conviction soutenant la position du ministère public. Le cas se concentrait sur les acquisitions précédentes de Google, telles que celles de DoubleClick et Admeld, qui ont été considérées par le tribunal comme des outils visant à renforcer le monopole de Google. En revanche, une partie de l’affaire concernant les outils de publicité publique a été exclue du jugement.
Cette décision ouvre la voie à des demandes, notamment du ministère de la Justice des États-Unis, pour forcer Google à vendre sa plateforme Google Ads Manager, qui inclut les serveurs publicitaires des éditeurs et le marché des échanges publicitaires, dans le but de rétablir l’équilibre sur un marché dominé par l’entreprise depuis des années.
Pour sa part, Google a nié avoir commis des pratiques anticoncurrentielles, affirmant que ses outils publicitaires sont choisis librement par les éditeurs en raison de leur simplicité et de leur efficacité. Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google pour les affaires réglementaires, a indiqué que l’entreprise ferait appel de la partie du jugement la concernant, soulignant que le marché fait face à une concurrence réelle de la part d’autres grandes entreprises comme Amazon et Comcast, en raison du transfert des dépenses publicitaires vers des applications de vente au détail et des plateformes de streaming.
Il s’agit du second jugement défavorable à Google en quelques mois, après que le magasin d’applications de l’entreprise ait également été jugé anticoncurrentiel. Alors qu’une nouvelle procédure judiciaire approche à Washington pour examiner la dissolution de l’unité publicitaire de Google, voire la vente du navigateur Chrome, la pression juridique sur l’entreprise s’intensifie. Alors que Google se prépare à faire appel, il est prévu que cette bataille judiciaire prenne plusieurs années avant d’aboutir à un verdict définitif, faisant de ces développements l’un des plus grands combats antitrust de l’ère numérique.