La décision de la présidente du Pérou, Dina Boluarte, d’augmenter son salaire mensuel à plus de 10 000 dollars a suscité une vague de colère parmi les milieux populaires et politiques, au milieu d’accusations de négligence du gouvernement face aux difficiles conditions sociales du pays. L’annonce officielle de cette augmentation a été faite par le ministre de l’Économie mercredi soir 2 juillet, précisant que le nouveau salaire de la présidente s’élève à 35 568 soles (soit environ 10 067 dollars), soit près de 30 fois le salaire minimum national.
Selon Reuters, le salaire du président du Pérou était stable depuis 2006 à 15 600 soles (environ 4 400 dollars), une réduction décidée à l’époque par l’ancien président Alan García, comparé au salaire précédent de 42 000 soles. Le gouvernement actuel a justifié cette augmentation soudaine en expliquant que le salaire de Boluarte se classait parmi les plus bas des présidents d’Amérique latine, ne dépassant que celui de son homologue bolivien, estimant que cette situation était « injuste » au regard des responsabilités qui lui incombent.
Cependant, ces justifications n’ont pas convaincu la population péruvienne, beaucoup de citoyens et d’activistes estimant que cette décision ne reflète pas les priorités du gouvernement alors que le pays fait face à des taux de pauvreté élevés et à une dégradation des services essentiels. Cette mesure est perçue comme une preuve supplémentaire du « décalage » entre la classe politique et la réalité vécue par la majorité, d’autant plus que la présidente souffre déjà d’un taux de popularité parmi les plus bas au monde, selon des sondages locaux et internationaux.
Une étude réalisée en 2024 par le journal Rio Times avait montré que les salaires des présidents latino-américains varient entre 3 000 et 22 000 dollars par mois, avec une moyenne d’environ 9 600 dollars, ce qui signifie que le nouveau salaire de Boluarte dépasse cette moyenne. Alors que le gouvernement affirme vouloir « rétablir l’équité avec les autres dirigeants régionaux », certains observateurs estiment que cette décision risque d’aggraver la crise de confiance entre la présidence et la population, surtout en l’absence de signes clairs d’une réforme économique et sociale globale.