CIPS, l’alternative chinoise à SWIFT qui séduit de plus en plus l’Afrique

Alors que SWIFT reste le réseau dominant des paiements interbancaires internationaux, l’Afrique commence à s’ouvrir progressivement à une alternative venue de Pékin : le CIPS (Cross-Border Interbank Payment System). Lancé par la Chine en 2015, ce système vise à faciliter les transactions en yuan et à contourner la dépendance aux réseaux occidentaux. En 2025, CIPS revendique plus de 4 900 institutions connectées dans 187 pays, et gagne du terrain sur le continent africain dans un contexte de rééquilibrage géopolitique.

Selon les données officielles, 71 institutions financières africaines sont désormais reliées à CIPS : 7 en tant que participants directs et 64 comme participants indirects. Parmi elles, la Standard Bank d’Afrique du Sud et l’Afreximbank figurent en tête, ayant intégré pleinement le système pour faciliter les flux avec l’Asie. Le Nigeria, l’Égypte, le Kenya ou encore le Maroc voient également leurs banques s’aligner sur cette tendance.

L’essor du CIPS en Afrique s’explique par plusieurs facteurs : la montée en puissance de la Chine comme premier partenaire commercial du continent, la volonté de réduire la dépendance au dollar, et l’attrait d’un système financier perçu comme moins exposé aux sanctions occidentales. En parallèle, Pékin soutient activement cette expansion en proposant des formations techniques, des lignes de crédit en RMB et des incitations à l’adhésion.

Il ne s’agit toutefois pas d’une rupture frontale avec SWIFT, mais plutôt d’une cohabitation stratégique. Aucune nation africaine n’a officiellement quitté SWIFT, mais 17 % des paiements africains vers la Chine passent déjà par CIPS, contre seulement 5 % en 2021. Ce glissement progressif pourrait s’accentuer à mesure que les BRICS renforcent leur coopération financière et encouragent l’usage des monnaies locales dans les échanges.

En somme, l’Afrique explore une voie alternative, dans un monde financier de plus en plus multipolaire. Si SWIFT reste incontournable, l’émergence de CIPS traduit une volonté des institutions africaines de diversifier leurs canaux de paiement, gagner en souveraineté, et s’aligner sur les nouvelles dynamiques Sud-Sud. La question n’est plus de savoir si CIPS s’imposera, mais à quelle vitesse il s’ancrera durablement dans l’architecture financière du continent.

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