Christophe Gleizes emprisonné en Algérie : l’affaire qui menace de faire basculer les relations franco-algériennes

Le 29 juin 2025, la justice algérienne a condamné le journaliste sportif français Christophe Gleizes à sept ans de prison ferme pour “apologie du terrorisme” et “possession de documents hostiles à l’intérêt national”. Arrêté plus d’un an auparavant alors qu’il réalisait un reportage sur la JS Kabylie, Gleizes est devenu malgré lui un symbole de la répression croissante qui frappe les journalistes étrangers en Algérie. Le verdict, sans précédent, a provoqué une onde de choc en France et dans les milieux internationaux de la presse, tant par sa sévérité que par le flou qui entoure les fondements de l’accusation.

À l’origine de cette condamnation, deux interviews que Gleizes aurait menées plusieurs années auparavant avec un dirigeant sportif aujourd’hui affilié à un mouvement indépendantiste kabyle, classé “organisation terroriste” par les autorités algériennes depuis 2021. Or, ces entretiens, d’ordre purement sportif, ont été interprétés a posteriori comme des actes de propagande. L’accusation a ignoré le contexte journalistique, la temporalité des faits, et surtout l’intention éditoriale du reporter. Pour Reporters sans frontières, il s’agit d’un “détournement de la loi antiterroriste à des fins de censure”, révélant la volonté du régime de criminaliser toute parole jugée dissidente.

En France, la mobilisation a été massive. Le ministère des Affaires étrangères a exprimé une “vive inquiétude” et rappelé son attachement à la liberté de la presse. Une centaine de personnalités, du monde du sport, du cinéma et de la culture — parmi lesquelles Zinédine Zidane, Catherine Deneuve ou encore Vahid Halilhodžić — ont signé une tribune réclamant la libération immédiate de Gleizes. La pétition de soutien a déjà recueilli plus de 17 000 signatures, tandis que la campagne #FreeGleizes s’étend désormais à l’international. Le journaliste a formé un recours en appel, dont l’audience est attendue à l’automne.

Mais l’affaire dépasse le seul sort de Christophe Gleizes. Elle cristallise une détérioration profonde du climat entre la France et l’Algérie, dans un contexte où les sujets de friction ne manquent pas : gestion des flux migratoires, mémoire coloniale, position française sur le Sahara occidental, sans oublier les tensions autour de la liberté d’expression. Paris pourrait, en réaction, reconsidérer certains volets de sa coopération bilatérale. Bruxelles est également saisie : RSF a appelé le Parlement européen à intervenir et à adopter une résolution exigeant la libération du journaliste.

Au-delà de l’injustice flagrante que subit Gleizes, cette affaire révèle une Algérie qui s’enfonce dans une logique autoritaire et punitive, incapable de tolérer la pluralité des récits, même lorsqu’ils viennent de l’étranger. L’emprisonnement d’un journaliste pour avoir exercé son métier est une ligne rouge diplomatique. Si Alger persiste à ignorer les appels à la raison, elle risque de transformer un incident judiciaire en véritable fracture politique. Car dans toute démocratie, la presse est une sentinelle, pas une cible. Et l’emprisonnement de la vérité finit toujours par libérer les tensions.

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