Le Maroc a connu, dès le début du mois de juin 2025, une vague de chaleur inhabituelle, avec des températures dépassant les 45 degrés Celsius dans plusieurs villes. Même certaines zones côtières, habituellement épargnées grâce à leur climat modéré, n’ont pas échappé à cette hausse extrême des températures. Ce phénomène a suscité une question pressante : l’été 2025 sera-t-il le plus chaud de l’histoire du Maroc ?
Le Dr Larbi Tanjdad, professeur en climatologie, a déclaré au site THE PRESS qu’il est encore trop tôt pour en juger de manière définitive. Toutefois, il a souligné l’existence d’indicateurs scientifiques mondiaux inquiétants, notamment le changement climatique, le réchauffement global et le phénomène El Niño, qui contribuent à accentuer les dérèglements climatiques à l’échelle mondiale.
Le spécialiste explique que « parmi les signes les plus préoccupants figure la tendance globale au réchauffement. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquent que les vagues de chaleur seront plus fréquentes et plus intenses à cause du changement climatique. Le Maroc, faisant partie de la région méditerranéenne, est considéré comme l’une des zones les plus vulnérables à la hausse des températures. »
En expliquant les causes scientifiques de cette hausse marquée des températures cette année, le professeur Tanjdad distingue entre facteurs naturels et causes liées à l’activité humaine : « Le changement climatique et le réchauffement global, deux facteurs majeurs à long terme, rendent les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, comme on l’a observé en 2023 et 2024. Quant à El Niño, phénomène naturel à court terme, il a été l’un des plus puissants de l’histoire récente. Il a contribué à l’élévation des températures à la surface de l’océan Pacifique, perturbant les régimes climatiques dans de nombreuses régions, dont le Maroc. »
Au-delà des menaces environnementales, les milieux scientifiques mettent en garde contre de graves répercussions sociales et économiques que peuvent engendrer ces vagues de chaleur répétées, notamment dans un pays qui souffre déjà de pressions hydriques et agricoles chroniques. Selon Tanjdad, « le secteur agricole sera directement affecté, non seulement en raison de la chaleur, mais aussi à cause de l’augmentation des besoins en eau des cultures, de la dégradation de la qualité des sols et de la baisse des rendements, en particulier pour les cultures printanières. »
En ce qui concerne les ressources hydriques, l’expert signale une hausse du taux d’évaporation des eaux de surface, accompagnée d’une baisse du niveau des barrages et des nappes phréatiques, sous l’effet d’une consommation agricole accrue. La santé des populations est également en jeu, notamment dans le sud-est du pays où certaines maladies comme la leishmaniose, transmises par les moustiques et autres insectes, tendent à se propager davantage sous l’effet de la chaleur.
Quant à la capacité du Maroc à faire face à ces transformations, le climatologue souligne que le pays dispose d’une vision stratégique claire, notamment à travers le Plan national de l’eau et le Plan d’adaptation aux changements climatiques à l’horizon 2030. Il insiste cependant sur le fait que relever ce défi nécessite une mobilisation collective, et non l’effort de l’État seul : « Le rôle du citoyen est également crucial : rationaliser sa consommation d’eau et d’électricité, respecter les mesures de prévention en période de canicule, et contribuer à la préservation de la couverture végétale. »