Canicule au Maroc et dans le sud de l’Europe : l’Afrique en première ligne du réchauffement climatique

Une nouvelle vague de chaleur frappe de plein fouet le Maroc et une large partie du sud de l’Europe en cette fin de juin 2025. Des températures extrêmes dépassant localement les 45 °C sont enregistrées dans plusieurs régions marocaines, notamment dans le Souss, le Haouz et les provinces sahariennes, tandis que l’Espagne, l’Italie et la Grèce suffoquent également sous une chaleur précoce et intense. Ces phénomènes météorologiques, autrefois exceptionnels, deviennent désormais récurrents, voire banals. Mais au-delà des chiffres et des records, cette canicule souligne une réalité plus sombre : l’Afrique, bien que très peu responsable des émissions globales de gaz à effet de serre, est en train de payer l’un des tributs les plus lourds au réchauffement climatique mondial.

Les experts climatiques ne cessent de le répéter : ces vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes, longues et intenses, sont directement liées aux bouleversements climatiques causés par les émissions massives de CO₂ d’origine humaine. Le modèle industriel des pays avancés – basé depuis deux siècles sur l’exploitation sans limite des énergies fossiles – a bouleversé l’équilibre thermique de la planète. Et ce sont les pays du Sud, peu émetteurs mais très vulnérables, qui en subissent les conséquences les plus dramatiques. Le Maroc, à l’instar de nombre de pays africains, est confronté à un double choc : environnemental et social.

Car cette chaleur accablante n’est pas qu’un désagrément météorologique. Elle impacte directement la santé publique, fragilise les écosystèmes, aggrave la désertification, réduit la productivité agricole et met en péril les ressources en eau. Dans les zones rurales, les récoltes sont menacées. Dans les villes, les infrastructures surchauffent. Et pour les populations les plus précaires, l’accès à la climatisation ou à des logements thermiquement isolés reste un luxe inaccessible. L’Afrique paie le prix fort d’un dérèglement qu’elle n’a pas provoqué.

Le cas marocain illustre cette injustice climatique : engagé dans la transition énergétique, leader régional des énergies renouvelables, le Royaume multiplie les initiatives vertes. Pourtant, il subit de plein fouet les effets de ce réchauffement global. Comme nombre de pays africains, il se trouve dans une zone de fragilité climatique extrême, où la hausse d’un ou deux degrés seulement suffit à bouleverser les équilibres hydriques et agricoles.

Face à cette situation, l’Afrique réclame plus que des discours : elle demande justice climatique. Cela passe par un soutien massif et concret à l’adaptation, à la résilience, à la recherche et à la transformation des modèles économiques. Car si rien ne change, ce ne sont pas seulement les récoltes ou les paysages qui disparaîtront sous la chaleur, mais bien des sociétés entières qui seront exposées à des risques accrus de migration, de conflits, et de pauvreté climatique. Le réchauffement global est une responsabilité collective. Mais l’injustice, elle, est déjà une réalité.

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