Brigitte Macron « homme » ? Le couple Macron porte plainte contre l’influenceuse Candace Owens aux États-Unis

C’est une plainte inédite, aussi symbolique que périlleuse. Emmanuel et Brigitte Macron ont décidé de poursuivre en justice, aux États-Unis, l’influenceuse américaine Candace Owens pour diffamation aggravée, après une série d’allégations jugées “fausses, malveillantes et déshonorantes”. En ligne de mire : la diffusion, en juin dernier, d’une mini-série intitulée Becoming Brigitte, dans laquelle Owens affirme notamment que la Première dame de France serait née homme — une théorie complotiste longtemps relayée sur des forums obscurs, mais jamais formulée avec autant de visibilité médiatique. La plainte, déposée devant la Cour supérieure du Delaware, s’appuie sur 22 chefs d’accusation, parmi lesquels harcèlement numérique, atteinte à la dignité et manipulation volontaire de l’information à des fins commerciales.

Candace Owens n’est pas une inconnue dans le paysage politique américain : proche de Donald Trump, égérie des cercles ultra-conservateurs et figure de proue du média The Daily Wire, elle s’est illustrée ces dernières années par ses attaques virulentes contre le mouvement Black Lives Matter, la vaccination, les élites progressistes… et désormais le couple présidentiel français. À travers ses publications, Owens s’en prend à ce qu’elle considère comme une “aristocratie morale mondialisée”, et présente Brigitte Macron comme une imposture médiatique. Selon les avocats des Macron, cette offensive diffamatoire dépasse le simple cadre de la rumeur : elle s’inscrit dans une stratégie d’humiliation orchestrée à l’échelle globale pour attirer l’audience, générer des revenus et discréditer l’image publique d’un chef d’État et de son épouse.

Pour l’Élysée, cette action en justice vise à poser une limite juridique à la prolifération incontrôlée des mensonges en ligne. « Nous ne pouvons plus laisser prospérer un espace numérique où tout peut être dit sans conséquence », affirme un conseiller du président français, qui voit dans cette démarche un acte de résistance contre “l’industrie de la haine”. Mais la partie s’annonce complexe : la législation américaine en matière de diffamation est notoirement protectrice de la liberté d’expression, notamment lorsqu’il s’agit de personnalités publiques. Pour espérer l’emporter, le couple Macron devra prouver la “malice effective” — c’est-à-dire démontrer que Candace Owens savait que ses propos étaient mensongers ou a agi avec un mépris délibéré pour la vérité.

Dans un contexte politique polarisé, où les accusations deviennent armes de campagne et les réseaux sociaux des champs de bataille idéologiques, cette plainte risque de se heurter à une hostilité certaine dans certains cercles américains. Il est peu probable qu’un jury populaire dans un État acquis aux idées conservatrices soit sensible à la cause d’un président libéral européen. Si le geste reste fort sur le plan symbolique, sa portée juridique demeure incertaine. Et en affrontant sur son propre terrain une influenceuse adoubée par l’Amérique trumpiste, le couple Macron engage un bras de fer à la fois judiciaire et culturel, dont l’issue dépassera sans doute le seul cadre de la diffamation.

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