Les autorités de transition du Mali ont annoncé, jeudi soir, l’arrestation d’un groupe composé de militaires et de civils accusés d’avoir voulu renverser les institutions de l’État. Parmi les personnes interpellées figurent deux généraux maliens ainsi qu’un ressortissant français, présenté comme un agent des services de renseignement de son pays. L’annonce a été faite par le ministre malien de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, qui a indiqué que « la situation est totalement sous contrôle » et qu’une enquête approfondie était en cours. Selon ses déclarations, le projet, amorcé le 1er août, a été déjoué grâce à l’arrestation de l’ensemble des personnes impliquées.
Le Français interpellé a été identifié comme Yann Vezilier, soupçonné d’avoir agi pour le compte des services secrets de son pays, en lien avec des responsables politiques, des acteurs de la société civile et des militaires maliens. Paris n’a pas immédiatement réagi à ces accusations. Les autorités maliennes ont diffusé à la télévision nationale les photographies de onze personnes présentées comme les principaux protagonistes de cette tentative de déstabilisation. Parmi elles, le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, relevé de ses fonctions en mai après avoir demandé une enquête sur des allégations d’exactions à Diafarabé, et le général Néma Sagara, connu pour son rôle dans la lutte contre les groupes armés en 2012.
Ces arrestations interviennent dans un contexte politique tendu. Depuis la manifestation pro-démocratie de mai dernier, première mobilisation de ce type depuis la prise de pouvoir par les militaires en 2021, les autorités ont renforcé les restrictions politiques, notamment avec la dissolution des partis et la prolongation de cinq années du mandat du président de la transition, le général Assimi Goïta. Ce durcissement survient alors que le Mali continue de faire face à une insécurité persistante, malgré l’appui militaire renforcé de la Russie depuis le départ des forces françaises.
Comme ses voisins, le Burkina Faso et le Niger, le Mali reste confronté à une insurrection menée par des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. L’extension des violences dans le centre et le nord du pays souligne les difficultés à rétablir la sécurité et à réaffirmer l’autorité de l’État. Cette affaire, dont de nombreux éléments restent à éclaircir, met en évidence la fragilité du climat politique et sécuritaire dans lequel évolue aujourd’hui le pays.