Le Nigeria traverse depuis plusieurs années une crise sécuritaire profonde, alimentée par la montée de gangs armés, des tensions religieuses anciennes et des conflits récurrents autour des terres entre communautés. Dans ce pays divisé entre un nord majoritairement musulman et un sud majoritairement chrétien, les lieux de culte, en particulier les églises, sont devenus des cibles privilégiées pour des groupes criminels à la recherche de rançons et de visibilité. C’est dans ce climat explosif que s’inscrit l’attaque qui a frappé l’État de Kwara.
Le 18 novembre 2025, en pleine messe du soir, des hommes armés ont fait irruption dans l’église apostolique du Christ d’Eruku. Ils ont tiré à balles réelles sur les fidèles, semant la panique dans un lieu censé être un refuge spirituel. La scène, filmée et largement relayée, montre des fidèles terrorisés, des enfants criants, et des assaillants fouillant les bancs pour voler les biens des victimes.
Au moins deux personnes ont été tuées et un fidèle grièvement blessé. Selon Michael Agbabiaka, secrétaire de l’église, 35 personnes ont été enlevées, dont le pasteur, ce qui constitue l’un des enlèvements les plus massifs dans un lieu de culte cette année. Les corps de M. Aderemi et de M. Tunde Asaba Ajayi ont été retrouvés après l’assaut.
Les autorités locales ont réagi dans l’urgence. Le gouverneur AbdulRahman AbdulRazaq a ordonné un renforcement immédiat de la sécurité, alors que la police et des vigiles tentaient de localiser les ravisseurs dans la brousse. Cette attaque révèle surtout une réalité alarmante : l’État de Kwara est devenu un terrain fertile pour les bandits, ces groupes armés qui enlèvent, pillent et tuent pour obtenir des rançons, ciblant désormais aussi bien les écoles que les églises.
L’assaut survient à peine quelques jours après l’enlèvement de 25 lycéennes dans une école de Maga, dans l’État de Kebbi. Face à l’ampleur de la menace, plusieurs écoles ont dû fermer dans cinq districts de Kwara, signe que les autorités redoutent d’autres attaques.
Cette escalade a également attiré l’attention internationale. Début novembre, Donald Trump a accusé Abuja de ne pas protéger les chrétiens et a menacé d’intervenir. Le Nigeria a rejeté ces accusations, affirmant que les violences visent avant tout à extorquer des rançons et ne relèvent pas d’une persécution religieuse organisée.
Malgré ces clarifications, un fait demeure : les civils nigérians, sont devenus des cibles vulnérables, piégés dans une spirale de violences qui s’intensifie et dépasse largement le cadre local.