La campagne présidentielle ougandaise s’ouvre dans un climat particulièrement tendu, marqué par une vague d’arrestations visant l’opposition. Le principal parti rival du pouvoir, la Plateforme d’Unité Nationale (NUP), affirme que plus de 300 de ses membres, sympathisants et responsables locaux ont été interpellés depuis le lancement officiel des meetings de Bobi Wine, candidat pour l’élection présidentielle prévue en janvier. Joel Ssenyonyi, porte-parole du parti, dénonce une stratégie d’intimidation destinée à freiner la mobilisation de l’opposition.
Les rassemblements organisés ces derniers jours à Kampala ont été marqués par un usage intensif de la force. Les forces de sécurité ont dispersé les foules à coups de gaz lacrymogène, de canons à eau et de gaz poivré. Des images relayées par des médias locaux montrent également des hommes en civil frappant des partisans de Bobi Wine. Lundi, près d’une centaine de personnes ont été arrêtées dans le quartier de Kawempe, suivies d’une nouvelle série d’interpellations mardi en périphérie de la capitale. La police, de son côté, affirme avoir arrêté sept personnes accusées d’avoir blessé des agents en lançant des pierres.
Cette campagne oppose une nouvelle fois Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, au président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986. Âgé de 81 ans, Museveni avait déjà modifié la Constitution pour supprimer les limites d’âge puis celles du nombre de mandats, lui permettant de se présenter encore une fois. S’il est réélu, il deviendrait le chef d’État resté le plus longtemps au pouvoir sur le continent africain, cumulant près d’un demi-siècle à la tête du pays.
Depuis plusieurs années, l’opposition accuse le régime de Museveni de recourir à la fraude électorale, à l’intimidation et à la répression politique pour conserver le pouvoir. Les autorités rejettent systématiquement ces accusations, mais la multiplication des arrestations et la brutalité des interventions policières renforcent les inquiétudes quant à la transparence du processus électoral et à la possibilité d’une campagne véritablement libre et équitable en Ouganda.