Le Cameroun s’est réveillé ce 1ᵉʳ décembre avec une nouvelle qui secoue profondément la scène politique nationale. Anicet Ekane, président du Manidem et figure marquante de la gauche nationaliste, est mort alors qu’il se trouvait en détention à Yaoundé. Son avocat a confirmé tôt ce matin un décès survenu en situation de privation de liberté, sans qu’aucune précision officielle ne soit donnée sur les conditions exactes de sa disparition.
Arrêté le 24 octobre dans un climat politique particulièrement tendu après la présidentielle du 12 octobre, Anicet Ekane avait été interpellé en raison de son soutien affiché à Issa Tchiroma Bakary, qui revendiquait la victoire. Depuis son transfert au Secrétariat d’État à la Défense, il était détenu depuis plusieurs semaines. Son parti avait, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme concernant la dégradation rapide de son état de santé. Les responsables du Manidem affirmaient que des appareils médicaux essentiels, notamment un extracteur d’oxygène, avaient été confisqués lors de son arrestation et laissés dans son véhicule placé sous séquestre. Les demandes répétées pour qu’il soit transféré vers un établissement hospitalier mieux équipé n’avaient reçu aucune suite favorable.
À 73 ans, Anicet Ekane restait pourtant l’une des voix les plus constantes et les plus intransigeantes de la scène politique camerounaise. Héritier des luttes indépendantistes, militant infatigable, il avait traversé plusieurs décennies de combats politiques, marquant particulièrement les années 1990, période souvent qualifiée d’années de braise. Son engagement critique lui avait valu de nombreuses arrestations dans le passé, mais jamais il n’avait cessé de défendre ses convictions, parfois au prix d’une grande solitude politique.
Sa mort en détention, alors que son état de santé était connu comme fragile et que des alertes répétées avaient été émises, soulève aujourd’hui des questions lourdes de sens. Elle relance le débat sur le respect des droits fondamentaux des opposants politiques et sur la transparence des procédures dans les contextes postélectoraux. Les réactions qui affluent depuis l’annonce traduisent un profond sentiment d’incompréhension et d’indignation face à une disparition que beaucoup estiment évitable.