Angola : silence d’État après 30 morts, aucune enquête indépendante en vue !

Deux jours de violences ont suffi à plonger l’Angola dans une crise sécuritaire majeure. Pourtant, au lieu d’une réponse judiciaire sérieuse ou d’une volonté de transparence, les autorités de Luanda semblent se réfugier derrière un discours de fermeté. Le président João Lourenço a ainsi salué, jeudi soir, « la bravoure » des forces de sécurité pour avoir, selon ses termes, « rétabli l’ordre » après les émeutes qui ont secoué la capitale et plusieurs provinces. Bilan officiel : 30 morts, dont un policier, et plus de 270 blessés – une hécatombe qui, à ce jour, n’a donné lieu à aucune enquête indépendante.

L’origine des troubles remonte à une grève contre la hausse brutale des prix du carburant, qui a rapidement dégénéré lundi et mardi. Des dizaines de magasins ont été pillés, des entrepôts incendiés et des véhicules attaqués dans les rues de Luanda. L’onde de choc s’est propagée à plusieurs provinces, notamment Benguela, Huila et Huambo. Mais si la colère populaire est bien réelle, de nombreux témoignages concordants font état d’un usage disproportionné de la force par la police, accusée par plusieurs ONG d’avoir abattu « des personnes désarmées et en fuite ».

Malgré ces accusations graves, les autorités angolaises se refusent à toute clarification. Le rapport publié jeudi par la police ne détaille pas les circonstances des décès, se bornant à parler de « restaurer l’ordre public ». Ce flou entretient l’inquiétude sur d’éventuelles exécutions extrajudiciaires, d’autant que les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des policiers ouvrant le feu sur des attroupements. Amnesty International, Human Rights Watch et plusieurs partis d’opposition ont réclamé une enquête impartiale, en vain. Le silence du parquet et l’absence de toute mission d’investigation indépendante laissent craindre une impunité systémique.

Face à ce blocage institutionnel, la société civile tente de faire entendre sa voix. La Conférence épiscopale d’Angola et de Sao Tomé, par la voix de son président, Mgr José Manuel Imbamba, a appelé au dialogue national et dénoncé les violences, tout en condamnant les actes de vandalisme. « Il faut sortir de la logique de la répression comme réponse à la misère », a déclaré l’archevêque de Saurimo, rappelant que derrière l’agitation sociale, il y a une crise économique profonde et un désespoir croissant des jeunes générations.

Le régime angolais, déjà critiqué pour son autoritarisme et son manque de transparence, semble privilégier l’option sécuritaire à toute remise en question. En l’absence d’enquête sérieuse sur ces 30 morts, la confiance entre le peuple et ses institutions continue de s’éroder. Dans un pays pourtant riche en pétrole, le silence d’État face à la douleur des familles endeuillées en dit long sur la profondeur du fossé qui sépare les dirigeants de leurs citoyens.

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