En Afrique du Sud, une enquête officielle vise Duduzile Zuma, l’une des filles de l’ancien président Jacob Zuma, accusée d’avoir recruté une vingtaine de jeunes Sud-Africains et Botswanais sous de faux prétextes pour les envoyer en Russie. Selon les familles, qui n’ont plus aucune nouvelle de leurs proches depuis plusieurs mois, un véritable « piège » aurait été tendu sous couvert d’une formation professionnelle et d’une promesse d’emploi.
Ces jeunes hommes, âgés de vingt à trente-neuf ans et frappés par le chômage, auraient été attirés par l’idée d’une formation de garde du corps en Russie, censée déboucher sur un retour au pays avec un contrat de travail stable. La police affirme qu’au lieu de cela, ils auraient été remis à un groupe de mercenaires russes pour être envoyés combattre dans la guerre en Ukraine, « sans le savoir et sans leur consentement ». Des échanges WhatsApp consultés par Bloomberg montrent que Duduzile Zuma aurait explicitement assuré aux recrues qu’elles ne seraient pas déployées sur le front. L’un d’eux confie s’être senti « vendu » et craindre désormais pour sa vie.
Le gouvernement sud-africain a confirmé l’ouverture d’une enquête et rappelé qu’il est strictement interdit pour tout citoyen sud-africain de rejoindre des forces armées étrangères, quelle que soit la nature du conflit. Le dossier a été confié aux Hawks, l’unité spécialisée dans les crimes contre l’État, signe que Pretoria prend l’affaire très au sérieux.
Mais cette enquête intervient dans un contexte politique explosif. Duduzile Zuma est l’une des figures publiques les plus virulentes contre le président Cyril Ramaphosa et son gouvernement. Très active sur les réseaux sociaux, elle multiplie les attaques directes contre l’ANC au pouvoir. Dès lors, certains observateurs s’interrogent : s’agit-il d’une affaire criminelle classique ou d’un règlement de comptes politique visant à affaiblir le clan Zuma, encore influent dans une partie du pays ?
Les tensions entre le pouvoir actuel et les partisans de Jacob Zuma se sont accentuées ces derniers mois, notamment après les violences électorales et les divisions internes au sein de l’ANC. Dans ce climat tendu, plusieurs analystes appellent à la prudence : si les accusations sont graves, leur timing et leur contexte soulèvent des interrogations légitimes. L’enquête devra donc déterminer si Duduzile Zuma a joué un rôle actif dans un réseau de recrutement illégal — ou si elle est devenue la cible d’une opération politique visant à discréditer une opposante embarrassante.
Quoi qu’il en soit, cette affaire met à nouveau en lumière la vulnérabilité des jeunes Africains, confrontés au chômage et aux difficultés économiques, face à des réseaux de recrutement qui les exposent parfois, malgré eux, aux conflits internationaux. Le défi pour Pretoria sera non seulement d’établir la vérité mais aussi de prévenir la répétition de tels drames.