À l’Est du Congo, des ateliers de prothèses face aux mutilations de la guerre

À Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo, un centre de traumatologie se trouve en première ligne face aux horreurs du conflit qui ravage le Nord-Kivu. Melissa Hamuli, 30 ans, a survécu à un bombardement en janvier près de Mubambiro. Gravement blessée, elle a échappé à l’amputation, mais ses jambes ne fonctionnent plus correctement. Grâce à une prothèse fabriquée sur place, elle a pu retrouver un peu de mobilité. « La guerre n’est pas une bonne chose. Elle rend beaucoup de gens handicapés, d’autres meurent. Nous prions pour qu’elle s’arrête », confie-t-elle avec émotion.

Le centre orthopédique Shirika la Umoja redonne ainsi espoir à des centaines de victimes civiles, amputées ou grièvement blessées. Parmi elles, Amani Jérôme Jean-Claude, veuf et amputé d’une jambe, raconte le jour où sa vie a basculé : « La nuit même de mon arrivée à l’hôpital, on m’a amputé. Ici, on m’a accueilli chaleureusement et, quand j’ai essayé ma prothèse, j’ai eu l’impression de pouvoir marcher à nouveau. » Comme lui, de nombreux survivants retrouvent un peu d’autonomie grâce aux techniciens du centre.

Depuis 2005, plus de 800 patients y ont été pris en charge. Mais la guerre entre l’armée congolaise et les groupes rebelles, dont le M23, a considérablement accru la charge de travail. « Avant, la plupart des patients étaient nés avec un handicap. Aujourd’hui, nous recevons de plus en plus d’amputés à cause du conflit », explique Julienne Paypay, technicienne du centre, qui façonne au quotidien ces prothèses de survie.

Dans un pays où la violence armée continue de mutiler des innocents, l’activité de ce centre est devenue vitale. Ses ateliers bourdonnent de travail, mais la motivation est intacte : chaque prothèse fabriquée est une victoire contre la guerre, une manière de redonner dignité et sourire à ceux que le conflit a brisés physiquement et moralement.

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