À Gabès, des milliers de manifestants ont défilé jusqu’au complexe du Groupe chimique tunisien (GCT) pour en exiger le démantèlement, répondant à l’appel du collectif Stop Pollution. Cette mobilisation, l’une des plus massives depuis plusieurs années, intervient après une nouvelle vague d’intoxications qui a conduit 122 personnes à l’hôpital, parmi lesquelles de nombreux élèves et habitants des quartiers voisins.
Aux abords du site industriel, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule, provoquant des évanouissements et des scènes de panique. Les manifestants brandissaient des pancartes où l’on pouvait lire « Gabès sans oxygène », « Le complexe nous tue » ou encore « Stop génocide ». Le slogan « Le peuple veut le démantèlement des unités polluantes » a résonné jusque devant les grilles du complexe, devenu le symbole d’une catastrophe écologique vieille de plus d’un demi-siècle.
Depuis des années, les habitants dénoncent une pollution chronique qui asphyxie la région et contamine l’air, les plages et la faune marine. Les associations locales font état d’une hausse alarmante des maladies respiratoires et des cancers, qu’elles attribuent aux rejets toxiques issus de la production d’engrais phosphatés. Le syndicat UGTT pointe, lui, la vétusté des installations du GCT, à l’origine de nouvelles fuites de gaz dangereux.
Face à l’indignation populaire, le président Kaïs Saïed a ordonné une inspection d’urgence du complexe. Mais à Gabès, où le mot d’ordre « Gabès sans oxygène » est devenu un cri de ralliement, la population réclame désormais des mesures concrètes et un véritable plan de réhabilitation environnementale.