Agriculture : la révolution des cultures de haute altitude en Afrique de l’Est

Face à la pression climatique et à la saturation des terres arables en plaine, les pays d’Afrique de l’Est investissent massivement dans une nouvelle stratégie agro-économique : les cultures de haute altitude. Situées entre 1 800 et 3 200 m, ces zones montagneuses bénéficient de températures plus stables, d’une humidité favorable et d’une exposition solaire idéale pour les cultures premium destinées à l’exportation.

Le Rwanda ouvre la voie avec son programme « Altitude Crops 2030 ». Sur le plateau de Gishwati, 5 000 hectares supplémentaires ont été alloués à des fruits rouges (fraises premium, myrtilles), des avocats bio et des légumes haut de gamme destinés à l’Europe et au Moyen-Orient. L’objectif est de créer 52 000 emplois ruraux et de multiplier par trois la valeur des exportations horticoles d’ici 2030.

En Éthiopie, l’accent est mis sur le café de très haute altitude. Le label « Agro-Altitude+ », certifié en 2024, regroupe des coopératives produisant du café à plus de 2 200 m. Les lots atteignent désormais des prix record sur le marché des cafés de spécialité, dépassant parfois les 15 $ la livre, un revenu largement supérieur aux cafés génériques. Le gouvernement éthiopien investit également dans des serres solaires montagnardes permettant de cultiver tomates, herbes aromatiques et fruits exotiques adaptés au froid.

Au Kenya, la région du mont Elgon et les pentes de l’Aberdare accueillent de nouvelles plantations maraîchères certifiées GlobalGAP. Les exportations kenyanes de légumes premium progressent de 12 % par an depuis 2022.

Toutefois, cette transition requiert des investissements lourds : routes montagneuses, stations de froid, coopératives modernes, assurances climatiques. De plus, la topographie rend certaines zones difficiles d’accès pour la collecte et la distribution.

Ces cultures de haute altitude deviendront-elles un moteur économique rural durable pour l’Afrique de l’Est, ou leur déploiement sera-t-il limité par les contraintes logistiques et les coûts élevés de la filière ?

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