Le gouvernement de droite en Italie a surpris en annonçant la délivrance de 500 000 permis de travail à des ressortissants non européens entre 2026 et 2028. Une décision qui contraste nettement avec ses discours promettant de freiner l’immigration, mais qui répond à une réalité économique pressante : le pays manque cruellement de main-d’œuvre.
Sous la pression insistante des entreprises, Rome a décidé d’élargir son dispositif migratoire légal, offrant à la fois de nouveaux quotas et des outils pour faciliter l’arrivée de travailleurs étrangers. Dans un pays vieillissant, où une partie des jeunes diplômés continue de s’exiler à l’étranger, le tissu économique peine à fonctionner normalement.
« Nous avons trois chantiers en cours. Il n’y a pas assez de travailleurs pour terminer tous les projets », confie Arben Mece, géomètre agréé chez Novalux Construction. Dans la capitale italienne, l’hôtellerie souffre également. « À Rome, il y a des milliers d’établissements. Tout le monde cherche du personnel », souligne Gaetano Lauro, directeur de The Inn at the Roman Forum.
D’ici l’an prochain, une entreprise italienne sur trois prévoit de recruter au-delà des frontières de l’Union européenne — un constat alarmant qui touche autant le BTP que l’hôtellerie ou l’agriculture. Pour faire face, le gouvernement mise sur le Decreto Flussi, son programme pluriannuel de gestion des flux migratoires.
Mais ce mécanisme a déjà montré ses limites. « Beaucoup de travailleurs entrés légalement avec le Decreto Flussi deviennent ensuite irréguliers faute de contrat officiel », rappelle Alessandra Valentini, secrétaire générale du syndicat agricole FLAI. Une faille qui a contribué à alimenter l’économie informelle et la précarité de milliers de travailleurs étrangers.
Aujourd’hui encore, les chantiers de construction, les hôtels haut de gamme et les exploitations agricoles dépendent largement de la main-d’œuvre immigrée. Avec l’extension du Decreto Flussi, le gouvernement italien espère à la fois répondre aux besoins du secteur privé et encadrer davantage l’immigration économique, dans l’espoir de transformer une nécessité économique en politique assumée.