Cameroun : la réélection de Paul Biya suscite résignation, colère et attentes

Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, a remporté l’élection présidentielle du 12 octobre avec 53 % des voix, selon les résultats officiels, devant son principal challenger Issa Tchiroma Bakary, crédité de plus de 35 %. Une victoire sans surprise, mais qui divise profondément la société camerounaise.

À Yaoundé, la capitale politique, le sentiment dominant oscille entre résignation et espoir prudent. « Ce que j’attends du président réélu, c’est qu’il change la situation des Camerounais. Nous vivons dans une trop grande pauvreté », affirme François Ebanda Eke, habitant du centre-ville. Dans un pays où plus de 70 % de la population a moins de 35 ans et où 57 % des jeunes actifs travaillent dans l’informel, les attentes sociales et économiques restent immenses.

Mais la réélection du chef de l’État s’accompagne aussi de tensions. À Douala et dans d’autres grandes villes, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants dénonçant des fraudes ont causé plusieurs morts. Des organisations de la société civile ont signalé des irrégularités, comme la présence de noms de personnes décédées sur les listes électorales ou des tentatives de bourrage d’urnes. La mission d’observation de l’Union africaine, elle, a jugé le scrutin « globalement conforme » aux standards régionaux.

Pour de nombreux analystes, ce scrutin confirme la solidité d’un système politique verrouillé. « Il semble que ce mandat ne sera pas prometteur pour la société camerounaise, qui a vu des manifestations dans plusieurs régions appelant le président à se retirer », explique Esair Ateba, analyste politique basé à Yaoundé.

Alors que le président passe de longues périodes hors du pays et délègue la gestion quotidienne à son entourage, des interrogations persistent quant à sa capacité à gouverner pleinement. Entre lassitude face à la longévité du pouvoir et désir de changement, les Camerounais attendent désormais des réponses concrètes à leurs frustrations — et des signes clairs d’un avenir plus inclusif.

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