Le rapport « TALIS » (Teaching and Learning International Survey) 2024, l’enquête internationale de l’OCDE, a mis en lumière plusieurs défis auxquels fait face le système éducatif marocain, soulignant les conditions de travail des enseignants, la pression professionnelle qu’ils endurent ainsi que le fossé technologique dans les salles de classe. Le rapport qualifie le secteur éducatif marocain de système « en transition », mêlant dynamisme de la jeunesse et tensions structurelles.
Les résultats montrent que 68 % des enseignants marocains ne disposent pas des connaissances ou des compétences suffisantes pour intégrer l’intelligence artificielle dans leur enseignement, un taux légèrement meilleur que la moyenne des pays de l’OCDE, qui atteint 75 %. Le rapport précise également que plus de la moitié des professeurs expriment un besoin urgent de formation aux outils d’IA, mais que 76 % des écoles au Maroc restent dépourvues des infrastructures nécessaires à la numérisation, ce qui limite l’usage réel des technologies digitales à seulement 26 %.
Concernant la structure démographique du corps enseignant, le rapport indique que l’âge moyen des enseignants au Maroc est de 39 ans, avec une forte présence de jeunes, puisque les moins de 30 ans représentent près de 24 % de l’ensemble, contre une moyenne de 10 % dans les pays de l’OCDE. En revanche, les enseignants âgés de plus de 50 ans ne constituent qu’environ 20 %, nettement en dessous de la moyenne internationale de 37 %.
Le rapport met également en évidence une forte pression ressentie par les enseignants : 70 % d’entre eux déclarent subir un stress administratif et professionnel important, tandis que 68 % éprouvent des difficultés à maintenir la discipline en classe. Cette situation n’est pas due à une durée de travail plus longue qui reste inférieure à la moyenne internationale mais à la nature des tâches, à la surcharge cognitive et à l’hétérogénéité des classes, ainsi qu’au décalage entre les orientations officielles et la réalité pédagogique.
Le rapport souligne enfin la faible autonomie pédagogique, puisque moins de la moitié des enseignants estiment pouvoir adapter librement les programmes ou définir les objectifs d’apprentissage. Il révèle également une très faible culture de travail collaboratif : seuls 6 % des enseignants travaillent en équipes pédagogiques, contre une moyenne de 31 % dans les pays de l’OCDE, ce qui traduit une limitation de l’innovation et d’une pratique institutionnelle structurée au sein des établissements.