Le Maroc a écrit une nouvelle page d’or de son histoire sportive. En battant la France aux tirs au but (5–4) après un nul spectaculaire (1–1) en demi-finale du Mondial U20, les Lionceaux de l’Atlas se sont qualifiés pour la première finale mondiale de leur histoire. Un exploit inédit qui dépasse la performance sportive : il incarne la montée en puissance du football africain sur la scène internationale.
Ils avaient promis de ne pas venir “pour apprendre”. Et ils l’ont prouvé.
Face à une équipe de France réputée pour sa rigueur tactique et son banc européen, les Marocains ont fait preuve d’une maturité rare pour leur âge. Organisés, solidaires, implacables dans les transitions, les jeunes de Mohamed Ouahbi ont résisté, égalisé, puis remporté la séance fatidique grâce au sang-froid du gardien Abdelhakim El Mesbahi, entré juste avant les tirs au but.
Un choix audacieux, devenu visionnaire.
« C’est une victoire du travail, de la discipline et de la foi en notre football », a déclaré le sélectionneur marocain en conférence de presse. Dans un stade chilien acquis à leur cause, les Lionceaux ont célébré dignement la première qualification d’un pays nord-africain en finale mondiale U20.
Ce succès n’est pas né d’un coup de génie, mais d’une stratégie patiemment bâtie. Depuis une décennie, le Maroc investit massivement dans la formation, avec en fer de lance l’Académie Mohammed VI de Football à Salé, modèle d’excellence continentale.
Sur les 23 joueurs du groupe actuel, 14 sont passés par ce centre de formation, où la tactique, la psychologie et la nutrition sportive font partie du cursus quotidien.
Le modèle marocain inspire désormais le continent. La Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana ou encore l’Afrique du Sud ont lancé des académies sur le même schéma. Le football africain n’est plus une fabrique de talents bruts exportés vers l’Europe : il devient un écosystème structuré, ancré localement, qui pense victoire, performance et identité.
Ce parcours marocain s’inscrit dans une dynamique plus large. L’Afrique ne se contente plus de participer ; elle ambitionne de gagner.
Après la 4ᵉ place historique du Maroc à la Coupe du monde 2022 et la médaille de bronze olympique en 2024, cette génération U20 poursuit le mouvement.
Le continent récolte les fruits d’un investissement sans précédent dans les infrastructures : stades homologués FIFA, ligues locales professionnelles, staffs médicaux modernisés, data et scouting analytique.
La CAF souligne d’ailleurs que 13 académies africaines ont été certifiées “centres d’excellence continentaux” en 2025. Le football africain rattrape son retard méthodologique, tout en gardant sa créativité et sa puissance physique – un mélange explosif qui séduit les observateurs internationaux.
Le sport-roi dépasse désormais les terrains.
Pour le Maroc, cette réussite s’inscrit dans une diplomatie sportive assumée, où le football sert de vitrine d’ouverture et de rayonnement continental. Le Monde Afrique écrivait récemment : « Au Maroc, le football est aussi une politique étrangère ».
Le pays a organisé le CHAN, la CAN féminine, et s’apprête à coorganiser la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal — preuve de la confiance mondiale dans sa capacité logistique et organisationnelle.
« Ce que fait le Maroc aujourd’hui, c’est ce que faisait la France dans les années 90 : bâtir des générations gagnantes », analyse l’ancien international ivoirien Kolo Touré. « Cela montre que l’Afrique n’est plus en apprentissage. Elle entre dans sa maturité. »
La qualification du Maroc n’est pas seulement marocaine : elle est africaine.
Elle symbolise un changement d’ère : la preuve que les nations du continent peuvent rivaliser d’égal à égal avec les grandes puissances, à condition d’avoir une vision, une gouvernance et des moyens cohérents.
Les Lionceaux affronteront l’Argentine en finale, géant historique du football mondial. Mais quel que soit le résultat, le message est déjà passé.
L’Afrique n’attend plus qu’on lui tende la main : elle prend sa place, balle au pied.
Le Maroc U20, en finale mondiale, signe l’acte II du réveil africain.
Mais cette épopée marquera-t-elle le début d’une ère de domination africaine dans les grandes compétitions, ou restera-t-elle une exception portée par une génération dorée ?
L’avenir du football africain est lancé — et il parle désormais le langage des vainqueurs.