Élections présidentielles aux Seychelles : un second tour sous haute tension

Les électeurs seychellois étaient de nouveau appelés aux urnes ce samedi pour départager le président sortant Wavel Ramkalawan et son principal adversaire Patrick Herminie, à l’issue d’un premier tour sans vainqueur. Selon les résultats officiels, Herminie, candidat du United Seychelles, a obtenu 48,8 % des suffrages contre 46,4 % pour Ramkalawan, du Linyon Demokratik Seselwa. Aucun des deux n’ayant franchi la barre des 50 %, un second tour décisif s’impose.

Le vote anticipé a débuté jeudi, mais la majorité des électeurs se sont déplacés ce samedi, dès l’ouverture des bureaux de vote à 7h, heure locale. Les résultats sont attendus dimanche, dans un climat d’attente et de tension, tant la compétition s’annonce serrée. Les deux hommes ont mené une campagne vigoureuse centrée sur les enjeux sociaux et environnementaux, notamment la crise de la drogue et la préservation des écosystèmes d’un archipel longtemps perçu comme un paradis touristique.

Patrick Herminie incarne le retour en force du United Seychelles, formation qui a dominé la vie politique nationale pendant plus de quarante ans, de 1977 à 2020, avant d’être renversée par l’actuel chef de l’État. Wavel Ramkalawan, pour sa part, espère décrocher un second mandat, fort d’un bilan qu’il présente comme celui de la stabilité et de la réforme.

Mais l’opposition a multiplié les critiques ces dernières semaines. Une semaine avant le scrutin, des militants ont saisi la justice pour contester un bail à long terme accordé à une société qatarie sur l’île de l’Assomption, un terrain de 400 000 m² destiné à accueillir un complexe hôtelier de luxe. Le projet, incluant la reconstruction d’une piste d’atterrissage, est dénoncé comme une atteinte à la souveraineté nationale, favorisant des intérêts étrangers au détriment du bien commun.

Derrière l’image de carte postale, les Seychelles affrontent des défis profonds. L’archipel, composé de 115 îles de l’océan Indien, est hautement vulnérable au changement climatique et à la montée des eaux, selon la Banque mondiale. Parallèlement, le pays est frappé par une grave crise de toxicomanie, principalement liée à l’héroïne. L’ONU rappelait déjà en 2017 que les Seychelles figuraient parmi les principaux points de transit du trafic de drogue dans la région. En 2023, un indice mondial plaçait encore la nation parmi celles affichant les plus forts taux de dépendance à l’héroïne au monde.

Ainsi, au-delà du duel politique, ce second tour cristallise les espoirs et les angoisses d’un petit État insulaire en quête d’équilibre entre croissance, souveraineté et résilience.

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