Le Maroc et l’Égypte se disputent le leadership portuaire africain. En 2024, Tanger Med a traité 10,2 millions d’EVP, dépassant pour la première fois des hubs européens comme Algeciras. La Banque mondiale l’a classé 4ᵉ port le plus efficient au monde, grâce à ses zones franches industrielles et à sa gouvernance partenariale.
Face à lui, Port-Saïd Est capitalise sur l’atout unique du canal de Suez. Ses extensions récentes, soutenues par Hutchison Ports et CMA CGM, doivent doper sa capacité de transbordement et alimenter la Suez Canal Economic Zone. Le modèle vise à faire de Port-Saïd non seulement un point de passage, mais un centre de production et de distribution.
Les différences restent marquées. Tanger Med bénéficie de dwell time très bas (2–3 jours pour le transbordement) et d’un hinterland déjà connecté par rail et autoroute. Port-Saïd, plus dépendant du transbordement, peine encore à fluidifier ses connexions intérieures, mais il s’appuie sur un marché égyptien massif (100 millions d’habitants).
Les deux pays voient grand : le Maroc construit Nador West Med pour renforcer sa façade méditerranéenne, tandis que l’Égypte mise sur ses zones industrielles SCZone pour attirer les investisseurs manufacturiers.
Cette rivalité stimule l’ensemble du continent. Ce sont les deux seuls ports africains à figurer dans le Top 20 de la Banque mondiale, preuve qu’un modèle performant est possible.
Tanger Med gardera-t-il son avance structurelle, ou Port-Saïd profitera-t-il de l’atout Suez pour rééquilibrer le rapport de force ?