L’Éthiopie inaugure le plus grand barrage d’Afrique, entre fierté nationale et tensions régionales 

L’Éthiopie a inauguré mardi, à Addis-Abeba, le plus grand barrage du continent africain, un projet phare baptisé « Barrage de la Grande Renaissance » (GERD). Conçu pour transformer l’économie nationale, cet ouvrage de près de 5 milliards de dollars vise à mettre un terme aux fréquentes pannes d’électricité et à soutenir l’essor industriel du pays. Avec une capacité annoncée de plus de 5 000 mégawatts, il devrait à lui seul doubler la production électrique nationale et accompagner la transition énergétique voulue par le gouvernement, qui a récemment interdit l’importation de véhicules à essence pour promouvoir les modèles électriques.

Édifié sur un affluent du Nil Bleu, dans le nord-ouest du pays à proximité de la frontière soudanaise, le méga-barrage symbolise l’ambition de l’Éthiopie de devenir un acteur énergétique majeur en Afrique. « C’est une grande réalisation qui prouve ce dont les Africains sont capables », a déclaré le Premier ministre Abiy Ahmed lors de la cérémonie d’inauguration, à laquelle ont assisté plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement africains. Plusieurs d’entre eux ont exprimé leur intérêt pour importer l’électricité éthiopienne, renforçant ainsi les perspectives d’intégration énergétique régionale.

Mais ce projet titanesque suscite également de fortes tensions diplomatiques. L’Égypte, dépendante du Nil pour son approvisionnement en eau, redoute une réduction significative des débits en aval. « Le barrage constitue une menace existentielle », a affirmé Tamim Khallaf, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, dénonçant une absence de consultation et de consensus préalable avec les pays riverains, en violation du droit international.

Pour l’Éthiopie, le GERD est avant tout une source de fierté nationale et un outil de développement. Pour l’Égypte, il s’agit d’un enjeu vital de survie hydrique. Entre ambitions énergétiques et craintes existentielles, le barrage de la Grande Renaissance illustre la difficulté de concilier les impératifs de croissance et la gestion partagée des ressources en Afrique.

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