En Guinée-Bissau, la décision soudaine d’expulser plusieurs médias portugais a provoqué une onde de choc diplomatique et politique. L’agence de presse Lusa ainsi que les chaînes publiques RTP Africa et RDP Africa ont été sommées de cesser leurs activités et de quitter le pays avant le 19 août. Aucune justification officielle n’a été donnée par les autorités bissau-guinéennes, laissant planer de nombreuses interrogations sur les véritables motivations d’une telle mesure.
À Lisbonne, le gouvernement portugais a réagi avec fermeté en condamnant une décision jugée « hautement répréhensible ». Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Guinée-Bissau pour exiger des explications, tandis que des parlementaires et associations de journalistes dénoncent un coup porté à la liberté de la presse. La Ligue bissau-guinéenne des droits de l’homme a également condamné ce qu’elle considère comme un geste autoritaire visant à museler toute voix critique.
Cette décision s’inscrit dans un climat de tensions croissantes autour de la liberté de la presse en Guinée-Bissau. Depuis plusieurs mois, les journalistes locaux comme étrangers dénoncent des agressions, des intimidations et des restrictions d’accès aux événements publics. Reporters sans frontières et d’autres organisations internationales pointent une dérive inquiétante à l’approche des élections générales prévues pour le 23 novembre 2025, un scrutin déjà marqué par la controverse autour de la candidature du président Umaro Sissoco Embaló à un second mandat.
Pour de nombreux observateurs, l’expulsion des médias portugais traduit la volonté du pouvoir bissau-guinéen de réduire l’espace médiatique et d’écarter toute surveillance internationale dans une période électorale cruciale. Dans un pays marqué par l’instabilité politique chronique et la fragilité de ses institutions, cette fermeture alimente les craintes d’un verrouillage de l’information et d’un basculement vers une gouvernance de plus en plus autoritaire
