Kenya : la coupe des aides américaines déclenche la révolte des réfugiés de Kakuma

Dans le nord-ouest du Kenya, le camp de réfugiés de Kakuma, qui abrite près de 300 000 personnes venues du Soudan du Sud, de Somalie, de République démocratique du Congo, du Burundi ou encore d’Éthiopie, traverse l’une des pires crises de son histoire. Depuis plusieurs mois, les rations distribuées par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont été réduites à moins de la moitié du minimum nutritionnel recommandé. Une conséquence directe des coupes budgétaires imposées par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), elles-mêmes dictées par la politique de rigueur adoptée à Washington depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Désormais, chaque réfugié doit survivre avec environ trois kilos de riz, un kilo de lentilles et un demi-litre d’huile par mois, une allocation qui ne permet plus de couvrir les besoins élémentaires.

Face à cette dégradation brutale, la colère a éclaté. Lundi, des centaines de réfugiés sont descendus dans les rues poussiéreuses du camp pour dénoncer la faim, la soif et l’absence de soins. « Nous sommes humiliés », s’est indignée Mama Kayembe, réfugiée congolaise, accusant l’administration américaine d’être responsable de leur misère. Brandissant des casseroles vides, les manifestants ont réclamé le rétablissement immédiat des aides alimentaires et l’approvisionnement en eau potable. Mais la réponse des autorités kenyanes a été brutale : la police a ouvert le feu, blessant par balles au moins quatre personnes, selon des témoins, et dispersant la foule à coups de gaz lacrymogènes.

Ce nouvel épisode de tension n’est pas isolé. Déjà, au cours des derniers mois, plusieurs manifestations avaient dégénéré en affrontements, parfois meurtriers. Fin juillet, un centre de distribution alimentaire du PAM avait été incendié, et au moins une personne avait trouvé la mort lors de heurts avec les forces de l’ordre. Derrière ces explosions de colère se cache une peur plus profonde : celle de voir le camp perdre son statut actuel et être transformé en établissement permanent, synonyme pour beaucoup de réfugiés de disparition progressive des services de santé, d’éducation et d’assistance.

La situation humanitaire est désormais critique. Les cliniques du camp enregistrent une hausse alarmante des cas de malnutrition, notamment chez les enfants et les femmes enceintes. Les ONG alertent sur une spirale mortelle : moins d’aide signifie plus de maladies, plus de décès, et une colère sociale qui enfle. Si le gouvernement kenyan plaide pour un soutien international accru afin de maintenir à flot l’accueil des réfugiés, la réalité sur le terrain montre une urgence absolue : sans un sursaut de solidarité mondiale, Kakuma pourrait bien devenir le symbole tragique de l’abandon des plus vulnérables.


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