Dans une déclaration accordée à THE PRESS, l’expert économique Rachid Essary, du Centre Africain des Études Stratégiques et de la Numérisation, a livré une analyse approfondie de la note d’orientation du projet de loi de finances 2026, laquelle présente un ensemble de mesures ambitieuses visant à relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels le Maroc est confronté.
Cette note, qui fixe comme objectifs un taux de croissance de 4,5 % et une réduction du déficit budgétaire à 3 %, s’articule autour de sept axes majeurs, parmi lesquels : l’orientation de 60 % de l’investissement public vers les zones rurales et montagneuses, l’élargissement de la protection sociale pour inclure l’éducation, la santé et le logement, l’augmentation du budget de l’éducation de 12 %, l’allocation de 15 milliards de dirhams à des projets liés à l’eau, ainsi que l’extension du réseau routier rural de 2 500 km.
Elle prévoit également la création de 150 000 nouveaux emplois et le soutien aux petites et moyennes entreprises, en plus du lancement d’obligations vertes d’une valeur de 10 milliards de dirhams pour financer des projets durables. Toutefois, malgré cet élan ambitieux, Essary a relevé plusieurs points nécessitant des précisions ou un approfondissement, tels que le flou entourant les mécanismes de « financements innovants », l’absence de lien direct entre le budget et les grands chantiers comme l’organisation de la Coupe du Monde 2030 ou la reconstruction des zones sinistrées, ainsi que le manque d’indicateurs de performance clairs, malgré la mention d’un budget axé sur les résultats.
L’expert estime que la note a réussi à adopter une approche « réaliste et prudente » en reconnaissant les limites des ressources disponibles, tout en mettant l’accent de manière positive sur des secteurs porteurs tels que l’économie verte et la numérisation. Néanmoins, il souligne que le véritable défi réside dans la concrétisation de ces orientations en résultats tangibles qui reflètent réellement la justice sociale et l’équité territoriale, et non pas seulement de manière formelle. En conclusion, Essary recommande d’aligner le projet sur les dernières orientations royales et d’analyser l’impact de l’élargissement de l’assiette fiscale sur la classe moyenne et le secteur informel, afin d’éviter que les réformes ne deviennent un fardeau supplémentaire pour les catégories les plus vulnérables.