Le groupe djihadiste Al-Shabab a signé, ce dimanche 27 juillet, un spectaculaire retour en force en s’emparant de la ville de Mahaas, dans le centre de la Somalie. Située à quelque 350 kilomètres au nord de Mogadiscio, cette localité stratégique de la région d’Hiran a cédé après une attaque d’envergure mêlant attentats suicides et offensive terrestre coordonnée. Selon plusieurs témoins, les forces gouvernementales et les milices locales Ma’awisley avaient abandonné leurs positions peu avant l’arrivée des insurgés, ouvrant la voie à une prise de contrôle rapide et quasi totale de la ville par les islamistes.
L’assaut s’est ouvert à l’aube par une série de puissantes explosions, semant la terreur parmi les habitants, avant que les combattants d’Al-Shabab ne progressent méthodiquement dans les rues désertées par les forces de sécurité. L’organisation, affiliée à Al-Qaïda, a revendiqué l’opération dans les heures qui ont suivi, affirmant maîtriser désormais l’ensemble du périmètre urbain. Si aucun bilan officiel n’a encore été communiqué, des sources sécuritaires évoquent un agent du renseignement blessé. Le silence du gouvernement fédéral, toujours sans réaction officielle, contraste avec la gravité de l’événement.
Cette offensive éclaire crûment la capacité de nuisance persistante d’Al-Shabab, pourtant déclaré affaibli par les récentes campagnes militaires menées par les forces somaliennes, avec l’appui logistique et aérien des États-Unis et de l’Union africaine. Alors que Mogadiscio avait promis de « reprendre chaque village aux terroristes », la chute de Mahaas démontre que l’insurrection islamiste conserve, malgré les pertes, une dynamique de reconquête territoriale et un savoir-faire opérationnel intact.
La reprise de Mahaas dépasse le seul cadre militaire. Elle envoie un signal inquiétant sur la fragilité des avancées du gouvernement somalien et le caractère encore trop précaire de la reconquête étatique. Dans un pays fragmenté, où la légitimité de l’État peine à s’imposer face aux structures parallèles implantées par les groupes armés, cette nouvelle débâcle rappelle que le chemin vers une paix durable reste semé d’embuscades.