L’émissaire du président américain Donald Trump, Massad Boulos, a entamé une visite hautement stratégique en Algérie, après des étapes en Tunisie et en Libye. Officiellement présent pour des entretiens diplomatiques, son passage à Alger — marqué par des rencontres avec le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf et le président Abdelmadjid Tebboune — revêt un caractère particulier tant par son timing que par les dossiers abordés, au premier rang desquels figure le conflit du Sahara marocain.
La question du Sahara a constitué le cœur de cette visite, dans un contexte où Washington, depuis la reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud en 2020, soutient activement l’option de l’autonomie comme unique voie acceptable. Selon plusieurs sources diplomatiques, Boulos aurait réaffirmé la position américaine en faveur d’un règlement politique réaliste, insistant sur un calendrier serré de trois mois pour parvenir à un consensus. Sa mission s’inscrit dans une dynamique plus large au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, où les États-Unis, désormais « porte-plume » du dossier, bénéficient du soutien de poids de la France et du Royaume-Uni pour orienter les discussions vers une solution définitive et pragmatique.
Dans la tradition des émissaires de l’administration Trump, qui allient langage direct et logique transactionnelle, Boulos ne se serait pas contenté d’écouter les arguments algériens classiques sur le « droit à l’autodétermination ». Il aurait plutôt adressé des messages explicites à Alger, indiquant que le temps des postures figées touche à sa fin, et qu’une sortie de crise est attendue autour de l’autonomie — seule option bénéficiant d’une dynamique internationale croissante. Certaines sources laissent entendre que les échanges auraient également exploré des issues honorables pour toutes les parties, dans un cadre garantissant la souveraineté marocaine tout en permettant à l’Algérie de préserver la face.
En toile de fond, le Conseil de sécurité apparaît plus que jamais comme l’instance déterminante. Son alignement progressif sur la position marocaine ne découle pas seulement de la pression américaine, mais aussi d’un changement perceptible du côté européen, de plus en plus favorable aux solutions réalistes, loin des postures idéologiques héritées de la guerre froide. À Rabat, cette inflexion internationale pourrait se refléter dans le discours du trône à venir, comme ce fut le cas lors de précédentes initiatives royales tendant la main à l’Algérie.
Reste que toute avancée vers une véritable désescalade suppose de mettre fin aux provocations venues d’Alger, notamment via l’instrumentalisation de figures politiques se réclamant du Rif et promouvant des agendas séparatistes. De telles manœuvres sapent la confiance et compromettent la stabilité régionale. Washington le sait : la pacification du dossier ne saurait se limiter à un accord de principe, elle exige aussi la cessation des hostilités indirectes et des ingérences masquées portant atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc.
La tournée de Massad Boulos intervient donc à un moment charnière, où convergent l’offensive diplomatique américaine, les nouvelles réalités du Conseil de sécurité, et la pression sur Alger pour qu’elle revoie sa doctrine. L’Algérie est face à une alternative claire : soit s’adapter à l’évolution du contexte international, soit se retrouver isolée dans une région qui n’a plus les moyens de tolérer l’immobilisme ou la stratégie de l’usure. Quant au Maroc, il semble prêt à entamer une nouvelle séquence, peut-être pendant le discours du trône, en posant des conditions fermes : une main tendue, oui — mais dans un cadre sans équivoque, fondé sur le respect de la souveraineté, la stabilité régionale, et la fermeture définitive de la parenthèse séparatiste.