Kabila jugé par contumace : la RDC ouvre un procès historique contre son ancien président

C’est un tournant judiciaire sans précédent pour la République démocratique du Congo : Joseph Kabila, président de la RDC de 2001 à 2019, est désormais jugé par contumace devant un tribunal militaire à Kinshasa. L’ancien chef d’État, installé en Afrique du Sud depuis plusieurs années, fait face à des accusations gravissimes : meurtre, torture, viol, mais aussi complot contre l’État, en lien avec son supposé soutien aux rebelles du M23. Ces derniers contrôlent toujours d’importantes zones de l’est du pays, malgré les opérations militaires menées par Kinshasa et ses alliés régionaux.

L’enquête s’est accélérée après des déplacements de Kabila, en mai dernier, dans plusieurs régions contrôlées par le M23. Ces visites, considérées comme provocatrices par les autorités, ont ravivé les soupçons sur ses liens avec la rébellion. En réponse, le gouvernement congolais a levé son immunité parlementaire, pourtant acquise à vie à l’issue de sa présidence. Cette décision a ouvert la voie à des poursuites judiciaires inédites dans un pays où l’impunité des anciens dirigeants reste souvent la norme.

Ce procès s’inscrit dans un climat politique particulièrement tendu. L’alliance initiale entre Kabila et son successeur Félix Tshisekedi, forgée à l’issue d’élections contestées en 2018, s’est effondrée dès 2020. Depuis, les deux hommes sont devenus des adversaires irréconciliables sur fond de recomposition du paysage politique congolais. Si certains y voient une instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place, d’autres saluent un acte fort en faveur de la lutte contre l’impunité et la restauration de l’autorité de l’État.

Pour l’heure, Joseph Kabila n’a pas réagi publiquement. Son silence contraste avec l’ampleur des accusations. Le tribunal militaire a annoncé que l’audience reprendrait le 31 juillet prochain. D’ici là, la tension monte à Kinshasa, où la classe politique se divise entre partisans d’un procès équitable et défenseurs d’une figure encore influente dans certaines régions du pays. La RDC entre ainsi dans une phase délicate où justice et politique s’entremêlent dangereusement.

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