La perte d’un conjoint augmente-t-elle le risque de développer la maladie d’Alzheimer ?

Plusieurs études récentes ont révélé que la perte d’un conjoint peut augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer, en raison de changements physiologiques qui affectent le cerveau des personnes endeuillées. On a notamment observé une diminution du taux de la protéine bêta-amyloïde, un biomarqueur clé dans le diagnostic précoce de la maladie. Ces modifications biochimiques peuvent contribuer à la dégradation des fonctions cognitives, et le deuil peut aussi impacter d’autres organes du corps, soulignant ainsi la portée globale du traumatisme.

Dans une déclaration au site THE PRESS, la psychologue clinicienne et chercheuse en psychologie sociale, Bouchra El Mourabti, a tenu à nuancer ces résultats. Selon elle, on ne peut pas conclure de manière définitive à un lien direct entre la perte du conjoint et l’apparition d’Alzheimer, tant qu’aucune étude comparative n’a été menée dans les sociétés arabes, où l’individu évolue souvent dans un cadre familial élargi, très différent des structures sociales des sociétés occidentales. Elle souligne ainsi l’importance de tenir compte du contexte culturel et familial avant de tirer des conclusions globales.

Bouchra El Mourabti a également rappelé que l’apparition précoce d’Alzheimer avant 65 ans est principalement liée à des facteurs génétiques. Ces prédispositions héréditaires sont souvent observées dans des familles ayant un lourd antécédent médical avec la maladie. Au-delà de la génétique, des facteurs comme le vieillissement, le diabète et l’hypercholestérolémie jouent aussi un rôle important dans le développement de la maladie.

En lien avec le rôle des traumatismes, la psychologue a cité une étude présentée lors d’un congrès médical de neurologues en République tchèque, indiquant que 73 % des patients atteints d’Alzheimer avaient vécu un choc émotionnel majeur, souvent lié à la perte d’un conjoint ou d’un enfant. Ces événements douloureux auraient un impact neurologique profond, contribuant à l’aggravation ou à l’apparition de la maladie.

Pour réduire les effets d’Alzheimer, Bouchra recommande un accompagnement à la fois médical et psychologique. Elle insiste sur l’importance d’éviter les mauvaises nouvelles, qui peuvent aggraver l’état du patient, et préconise le soutien affectif, l’absence de reproches, et la stimulation sociale. Elle déconseille de corriger constamment le malade lorsqu’il oublie, surtout en début de maladie, afin qu’il ne perde pas confiance en lui. Enfin, elle rappelle que les traitements médicamenteux doivent être poursuivis sans interruption, et recommande que la charge de soins soit partagée entre plusieurs aidants pour éviter l’épuisement physique et moral de l’entourage.

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