Paul Kagame, le retour silencieux d’un président trop discret

Après près de trois semaines d’absence remarquée, le président rwandais Paul Kagame a finalement refait surface lors d’une série de réunions officielles, mettant temporairement fin aux rumeurs persistantes sur son état de santé. Dans un pays où la communication présidentielle est habituellement millimétrée, ce silence prolongé du chef de l’État, rarement vu loin de la scène publique aussi longtemps, a semé l’inquiétude et alimenté toutes sortes de spéculations sur les réseaux sociaux, bien au-delà des frontières du Rwanda.

Kagame, 66 ans, est une figure centrale du paysage politique africain, dirigeant le Rwanda d’une main ferme depuis 2000 après avoir été l’homme fort de la rébellion qui mit fin au génocide de 1994. Sous sa gouvernance, le pays s’est métamorphosé en un modèle de développement et de stabilité, encensé par de nombreuses chancelleries internationales. Mais derrière cette image de succès, subsiste un climat politique fermé, où la moindre absence du président prend immédiatement une dimension stratégique, voire anxiogène.

La discrétion du pouvoir face aux rumeurs n’a fait qu’exacerber les interrogations. Ni le gouvernement ni la présidence n’ont communiqué sur les raisons de cette absence, laissant place aux hypothèses les plus diverses, allant de simples vacances à des problèmes médicaux plus graves. Dans un pays aussi verrouillé politiquement, où les opposants vivent souvent en exil ou dans la peur, le silence des autorités a rappelé que le Rwanda demeure un État fortement personnalisé autour de la figure de Kagame.

Sa réapparition, bien que sobre, semble avoir été minutieusement orchestrée pour rassurer sans vraiment informer. Elle survient à un moment délicat, à moins d’un an d’une présidentielle prévue en 2026 pour laquelle Kagame pourrait briguer un nouveau mandat. Dans ce contexte, la moindre incertitude sur sa santé devient une donnée politique majeure. Le Rwanda, souvent cité comme modèle de résilience, reste néanmoins suspendu à la trajectoire d’un seul homme, dont le retour ne dissipe pas toutes les zones d’ombre.

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