Devant un stade olympique d’Ebimpé transformé en démonstration de force du RHDP, Alassane Ouattara a maintenu le mystère sur son avenir politique. « Je prendrai une décision dans les jours qui viennent », a-t-il déclaré dimanche, sans confirmer ni infirmer une éventuelle candidature à un quatrième mandat. À 83 ans, le président ivoirien continue de faire planer le doute, tout en laissant transparaître une stratégie mûrement réfléchie.
Ce flou intervient au lendemain du congrès du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, qui a désigné Alassane Ouattara comme son candidat officiel pour la présidentielle du 25 octobre 2025. Une désignation par acclamation, saluée par des milliers de partisans venus de tout le pays. Pour le RHDP, seul Ouattara incarne la stabilité et la continuité, alors que l’opposition peine à présenter un front uni.
Le chef de l’État, lui, joue la montre. « Je vous ai entendus », a-t-il lancé à ses partisans, tout en assurant vouloir « y réfléchir en son âme et conscience ». S’il a confirmé rester à la tête du parti pour garantir sa cohésion, il n’a laissé filtrer aucune indication claire sur sa volonté de se représenter. Un art consommé du flou, qui lui permet de garder la main sur le jeu politique.
Techniquement, rien n’empêche Ouattara de briguer un quatrième mandat. La Constitution de 2016, qui a remis les compteurs à zéro, a été interprétée comme autorisant une nouvelle candidature, celle de 2020, validée par le Conseil constitutionnel. L’âge n’est plus un obstacle non plus, depuis que la limite a été supprimée. Mais dans l’opinion, la question divise. Faut-il privilégier la stabilité au risque d’un essoufflement démocratique ? Ou tourner la page pour renouveler la scène politique ivoirienne ?
À quatre mois du scrutin, la Côte d’Ivoire retient son souffle. L’éventuelle candidature de Ouattara pèsera lourd sur l’ambiance électorale, l’unité nationale et les équilibres régionaux. S’il se retire, le RHDP devra lui trouver un dauphin capable de faire consensus. S’il se représente, il devra convaincre que son ambition est portée par l’intérêt supérieur du pays, et non par la seule logique de pouvoir. La décision, dit-il, viendra bientôt. Mais elle engagera plus que son propre destin : celui de toute une nation.
Wait and see…