Le solaire flottant, longtemps considéré comme une technologie expérimentale, connaît aujourd’hui une adoption accélérée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Bénin et, plus récemment, le Sénégal positionnent leurs lacs et retenues d’eau comme de véritables plateformes énergétiques. L’objectif : produire de l’électricité à faible coût, réduire la dépendance aux fossiles et optimiser l’usage de l’espace dans des zones où l’urbanisation progresse rapidement.
Au Ghana, le projet le plus emblématique se situe sur le lac Volta, l’un des plus vastes réservoirs artificiels du monde. Une centrale solaire flottante de 50 MW y a été inaugurée en mars 2025. Selon l’Autorité ghanéenne de l’énergie, elle contribue désormais à 4 à 5 % de la demande nationale en électricité aux heures de pointe. Les panneaux bénéficient d’un refroidissement naturel grâce à la proximité de l’eau, ce qui améliore leur rendement de 7 à 10 % par rapport aux installations terrestres.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement teste deux sites pilotes de 10 et 20 MW sur les barrages d’Ayamé et de Kossou. Les analyses préliminaires indiquent que la réduction de l’évaporation pourrait préserver près de 40 millions de m³ d’eau par an, un atout majeur dans un contexte de variabilité climatique accrue. Le Sénégal, de son côté, prévoit une installation sur le lac de Guiers pour alimenter Dakar et ses environs.
Les bénéfices sont multiples : aucune compétition foncière avec l’agriculture ou l’habitat, interconnexion rapide avec les barrages existants, limitation de l’évaporation, et réduction sensible des pertes en transport. Cependant, la technologie reste coûteuse : entre 1,3 et 1,6 million $/MW, contre 800 000 $ pour le solaire terrestre. S’ajoutent des défis liés à la maintenance aquatique (corrosion, ancrages, biofouling), encore peu maîtrisée localement.
Les gouvernements voient dans ces projets un levier pour attirer les investisseurs climatiques, notamment à travers les fonds verts internationaux. Mais leur succès dépendra aussi de la capacité à former des techniciens spécialisés et à stabiliser les réseaux nationaux, souvent congestionnés.
L’avenir nous dira si le solaire flottant deviendra un pilier stratégique du mix énergétique africain, ou s’il restera une technologie innovante mais encore trop coûteuse et complexe à déployer à grande échelle.