Un rapport récent publié par la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO / ESCWA) a révélé une disparité notable dans le parcours de l’inclusion financière au Maroc, malgré l’adoption par le Royaume de stratégies visant à élargir l’accès aux services financiers. Alors que l’inclusion financière est un moyen essentiel pour renforcer l’intégration économique et sociale, le rapport souligne la persistance de l’exclusion financière, notamment dans les zones rurales et parmi les groupes vulnérables comme les femmes et les personnes en situation de handicap. Cela reflète un écart entre les cadres politiques ambitieux et la mise en œuvre effective sur le terrain.
L’inclusion financière est définie comme la capacité des individus, en particulier des groupes fragiles, à accéder à des services financiers officiels, comprenant les comptes bancaires, les crédits et les assurances. Elle vise à réduire les inégalités économiques, encourager l’épargne et l’investissement, et favoriser une croissance économique plus inclusive. Cependant, selon le rapport « Revue annuelle des objectifs de développement durable 2025 », 42 % des adultes au Maroc ne peuvent pas utiliser leurs comptes financiers sans assistance. Ce taux est meilleur que la moyenne arabe (64 %) mais reste inférieur à la moyenne mondiale (24 %).
Le rapport établit un lien entre les niveaux d’inclusion financière et le revenu national, indiquant que 67 % des adultes dans les pays arabes à revenu moyen, dont le Maroc, possèdent des comptes financiers, contre seulement 23 % dans les pays à revenu élevé et 19 % dans ceux à faible revenu. Les taux d’exclusion financière augmentent fortement dans les pays en crise ou en conflit, atteignant 79 %. La région arabe fait aussi face à une « fracture d’utilisation », où le taux d’usage des services financiers ne correspond pas à leur accessibilité, avec une forte dépendance aux agences bancaires et aux distributeurs automatiques, mais un faible recours aux plateformes numériques.
Parmi les principaux défis de l’inclusion financière mentionnés dans le rapport figure l’écart entre les sexes. Bien que 33 % des femmes au Maroc détiennent des comptes financiers, un taux supérieur à la moyenne des pays du Machrek (22 %), le Maroc affiche l’un des écarts les plus larges de la région, avec une différence de 23 points de pourcentage entre hommes et femmes, aux côtés de l’Algérie (26 points). Cet écart est encore plus marqué en zones rurales et chez les femmes sans emploi, reflétant une barrière culturelle et institutionnelle persistante.
Néanmoins, le rapport souligne des initiatives importantes menées par le Maroc pour promouvoir l’inclusion financière. Parmi elles, la Banque centrale du Maroc a publié une charte facilitant l’accès des personnes en situation de handicap aux services financiers, et a réalisé une étude diagnostique pour améliorer l’accès des femmes en milieu rural aux services adaptés. La Banque a aussi créé « l’Institution marocaine de la culture financière », dont les programmes ont bénéficié à plus de 27 000 personnes en 2022, y compris des jeunes, des femmes et des populations rurales, afin de sensibiliser à la gestion financière et renforcer la culture bancaire chez les groupes marginalisés.