Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et des Sports, Mohammed Saad Barada, a affirmé que le décrochage scolaire est devenu un « défi national majeur », soulignant que le cycle collégial représente le maillon le plus faible du système éducatif, avec le taux le plus élevé d’élèves déscolarisés.
Selon les données présentées par le ministre lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le lundi 30 juin 2025, environ 334 000 élèves avaient quitté l’école en 2021, un chiffre réduit à 280 000 en 2024 grâce à une série de mesures mises en place par le ministère.
Les chiffres montrent que près de 60 % des élèves décrocheurs proviennent du cycle collégial, soit environ 160 000 élèves, tandis que les autres cas sont répartis entre le primaire et le secondaire qualifiant, notamment dans les zones rurales qui souffrent encore de contraintes liées au transport scolaire, à l’insuffisance des infrastructures sanitaires, et à l’accès limité à l’eau potable.
Face à ces données préoccupantes, le ministère a lancé cette année un nouveau modèle baptisé « les collèges pionniers », visant à intégrer des activités parascolaires telles que le théâtre, le sport et la musique, afin de soutenir psychologiquement les élèves, renforcer leur confiance en eux-mêmes et les encourager à poursuivre leur parcours scolaire.
Le ministre a souligné que le décrochage ne commence pas forcément dans la rue, mais en classe, lorsque l’élève se sent exclu ou en échec sans recevoir l’accompagnement nécessaire. Il a rappelé qu’un élève en difficulté dans l’apprentissage traditionnel peut révéler des talents remarquables dans les arts ou le sport, d’où la nécessité d’accompagner chaque élève dans la découverte de son propre chemin. Cette vision reflète une approche plus holistique, qui mise autant sur l’épanouissement personnel que sur l’acquisition de connaissances.
Dans une initiative qualifiée de pionnière, le ministère a également lancé une expérience pilote utilisant l’intelligence artificielle pour identifier les élèves à risque de décrochage. Environ 90 % de ces élèves ont pu être repérés et suivis individuellement, afin de leur fournir un accompagnement adapté, qu’il soit éducatif, social ou psychologique, en partenariat avec leurs familles et la société civile. Ce tournant s’inscrit dans l’usage des technologies modernes comme outils d’intervention préventive dans les domaines éducatif et social.
Par ailleurs, le ministère a renforcé sa collaboration avec plus de 200 associations dans le cadre du programme « Deuxième chance », visant à réinsérer les décrocheurs via le retour à l’école ou l’accès à la formation professionnelle. L’objectif est d’augmenter le nombre de bénéficiaires de 20 000 à 35 000 l’an prochain, tout en lançant un réseau national d’« écoles de la deuxième chance », ciblant particulièrement les élèves de première et troisième années du collège, afin d’éviter qu’ils ne quittent l’école sans qualification ni orientation, et de leur garantir un parcours d’intégration complet.